Marie-Laurence Sapin : « On crée un cercle vertueux avec l’upcycling »
- Cécile Pereira
- 4 mai 2022
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 sept. 2022

Depuis l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, symbole des abus de la fast-fashion, la mode prend conscience de son impact. Marie-Laurence Sapin, directrice de l’Education de l’association Fashion Revolution France, analyse cette tendance émergente : l’upcycling.
CP : En quoi consiste l’upcycling ?
MLS : Il faut d’abord le différencier du recyclage qui passe par une déconstruction totale du vêtement avant de recréer un nouveau fil par exemple. L’upcycling, quant à lui, consiste en la transformation d’un produit dont on en reconnaît l’origine, mais également l’utilisation des stocks dormants de matière. Les marques comme les entreprises de tissage par exemple commencent à s’intéresser à ses ressources dans l’idée de les écouler. Là on est bien dans l’idée d’arriver à un zéro déchet. Tout ce qui était déchet avant est désormais considéré comme un matériau qui mérite revalorisation pour une seconde vie.
CP : Est-ce que les grandes marques s’approprient l’upcycling ?
MLS : Depuis le 1er janvier 2022, la destruction des invendus non alimentaires est interdite… Ce n’est plus un choix ! Les marques vont devoir travailler sur leur production en s’ajustant au plus proche des prédictions de vente. Certaines utilisent aussi leurs invendus, Petit H d’Hermès le fait très bien depuis des années par exemple avec des pièces à défaut. Le seul hic est que les marques de luxe ne peuvent pas se permettre de solder donc elles trouvent d’autres solutions. De plus en plus, des plateformes qui réunissent ces marques et des designers fleurissent sur Internet comme Nona Source lancée l’année dernière par LVMH. Ces entreprises peuvent tout à fait choisir de collaborer avec ces jeunes talents que ce soit à partir de stocks dormants ou de produits déjà existants. De fil en aiguille, on crée un cercle vertueux avec l’upcycling.
CP : La révolution vers une mode responsable a-t-elle commencé ?
MLS : Un grand oui ! Les études consommateurs montrent bien que les intentions d’achats envers ces vêtements dits green augmentent. Il y a quelques années, on trouvait plutôt de grands noms comme Martin Margiela, l’une des marques précurseures de ce mouvement. Maintenant, il y a des petits business de créateurs, des boutiques associatives comme Emmaüs en passant par Kilo Shop pour arriver aux Printemps : la seconde main est présente dans tous les grades de qualité et pour tous les prix ! La question du sens, de la responsabilité et de la connaissance germe dans les esprits des consommateurs et surtout de la jeune génération qui est née en même temps que l’urgence écologique. Ce marché est émergent parce qu’il a de la matière disponible. L’upcycling a de beaux jours !
Cécile Pereira.
Crédits photo : © Marie-Laurence Sapin.
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