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Elyze : reconnecter les jeunes avec la politique ?

  • Cécile Pereira
  • 4 mai 2022
  • 4 min de lecture

Qui a dit que les jeunes et la politique étaient incompatibles ? François Mari et Grégoire Cazcarra souhaitent réfuter cette croyance encore persistante aujourd’hui.

Avec leur application Elyze, ils espèrent faire matcher les jeunes et la politique.


Vous avez sûrement entendu parler de cette application, le « Tinder de la politique ». Le principe est simple : swipez à droite si vous êtes pour, à gauche dans le cas contraire. Seule différence, ce ne sont pas des profils qui sont proposés sur l’application Elyze, mais bien les propositions des candidats à la Présidentielle. Leurs noms ne sont pas précisés afin que l’utilisateur ne soit pas influencé dans ses choix. Au bout d’une dizaine de swipe, la tendance se dessine avec un classement des personnalités politiques dont le futur électeur serait le plus proche. A la mi-février 2022, l’application comptait déjà plus d’un million de téléchargements et reste encore n°1 dans le classement App Store… Un véritable succès !


Par les jeunes et pour les jeunes


François Mari et Grégoire Cazcarra sont les deux jeunes créateurs d’Elyze. Âgés respectivement de 19 et 21 ans, les étudiants ont décidé de créer cette application à la suite d’un constat : « Depuis plusieurs mois voire plusieurs années, on remarque que notre génération est plutôt déconnectée de la sphère politique et de nos institutions. [...] On a voulu créer un outil qui parle à notre génération et qui puisse l’aider à faire son choix pour les élections présidentielles 2022 ». Une observation qui se révèle vraie puisque selon une enquête issue de l’Institut Montaigne, 64% des 18-24 ans montrent « des signes de désaffiliation politique ». Grégoire Cazcarra œuvre déjà dans ce sens depuis cinq ans en créant son mouvement citoyen et apartisan Les Engagés. L’application Elyze partage le même but : recréer le lien entre la politique et la jeunesse.


Les polémiques






Comme pour tout succès, les polémiques apparaissent rapidement. Suite à l’engouement des réseaux sociaux pour cette nouvelle application, certains utilisateurs ont pointé du doigt une mise en avant d’un certain candidat. Lancé par @StephaneMauran sur Twitter, Elyze mettrait systématiquement en tête du classement Emmanuel Macron, et cela peu importe les propositions likées.









Les réactions n’ont pas manquées accusant l’application d’être truquée, notamment celle du candidat Insoumis Jean-Luc Mélenchon qui traite l’application de « macroniste ».


Rapidement, les créateurs d’Elyze répondent aux rumeurs et font le choix de mettre le code informatique en open source, ce qui signifie que n’importe qui peut vérifier le fonctionnement interne de l’appli à tout moment. Autre critique faite au « Tinder de la politique » : son manque de sécurisation des données personnelles. Dès la première connexion à l’application, l’utilisateur est invité à fournir plusieurs informations telles que sa date de naissance, son genre et son code postal. Bien que cette étape soit facultative, elle a alerté de nombreux internautes qui ont appelé à l’intervention de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés). Sur ce point, François Mari clarifie la situation : « Notre première idée était de recueillir les opinions des utilisateurs anonymement dans l’idée d’aider possiblement les instituts de recherche à mener des études sur l’avis les jeunes sur certaines propositions. L’objectif n’a jamais été de revendre ces données à des partis politiques ou à des entreprises. Nous sommes vraiment dans une démarche citoyenne avec Elyze ». Rapidement, les jeunes créateurs ont pris la décision de supprimer toutes les données recueillies et de ne plus en récolter. Désormais, il n’y a plus aucune question personnelle avant de passer au questionnaire politique.


Lutter contre l’abstention


Chaque année, l’abstention est la bête noire des urnes et les jeunes sont les plus concernés. Selon l’Insee, moins d’un jeune sur cinq a voté de façon systématique aux élections présidentielles de 2017. Un chiffre impressionnant mais qui pourrait faire volte face cette année. Un récent sondage Ipsos pour France Inter révèle que 87% des jeunes entre 18 et 30 ans estiment avoir de « grandes chances » ou être « certains » de se déplacer jusqu’aux urnes en avril prochain. L’application Elyze et son côté ludique aurait participé à redorer le blason de la politique « Ce n’est pas forcément évident de lire des programmes alors que c’est beaucoup plus amusant de répondre sur une application avec le mode du swipe. » déclare le journaliste politique et éditorialiste français Christophe Barbier. Il place néanmoins des limites quant aux capacités d’Elyze à lutter contre l’abstention des jeunes : « Les questions arrivent parfois à des réponses incongrues où on se trouve proche de François Asselineau, de Jean Lassalle et de Marine Le Pen alors qu’on se pensait électeur de Yannick Jadot [...] Rien ne remplacera pour un citoyen la réflexion longue après lecture des programmes et écoute des discours pour savoir si oui ou non il est fait pour voter pour x ou y ». L’application prometteuse Elyze est donc un outil pour associer jeunesse et politique, mais elle n’empêche pas de réfléchir par soi-même.


Cécile Pereira.

Crédit photo : © Cécile Pereira | © @StéphaneMauran | © @JLMelenchon | © Cécile Pereira

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