Anne Frédérique Royon, le cheval corps et âme
- Cécile Pereira
- 4 mai 2022
- 4 min de lecture

Rien n’arrête la détermination de cette cavalière de para-dressage au mental d’acier. L’équitation est plus qu’une passion pour elle, c’est son mode de vie. En lice pour les Jeux olympiques paralympiques de Paris 2024, Anne-Frédérique Royon se prépare pour la médaille d’or. Portrait.
Tombée dans l’équitation dès l’âge de trois ans, la petite Anne-Frédérique n’attend qu’une chose : que son oncle, propriétaire d’un parc animalier, sorte la selle et la hisse sur le dos d’un de ses chevaux. Ce souvenir, gravé dans son esprit, marque le début de sa plus grande histoire d’amour : les chevaux. En grandissant, elle continue à monter pour le loisir dans un centre équestre. Le temps passe et les études prennent le dessus sur ce sport. Passionnée par la philosophie, la jeune femme s’oriente vers les lettres supérieures à Saint-Etienne dans le sud-est de la France après un bac scientifique. Université à Lyon, DEA de philosophie, doctorat et concours du CAPES, elle met rapidement un pied dans le monde de l’enseignement. Parallèlement, elle donne des cours dans le cadre d’un remplacement et commence alors à gagner de l’argent. Sa première idée ? Mettre de côté pour s’acheter son propre cheval.
“Je n’ai jamais eu comme objectif d’être cavalière”
Novembre 2004. Un accident de voiture secoue la vie de la jeune femme de 24 ans et la rend tétraplégique. Une kinésithérapeute et amie, Muriel Guerrier, lui promet de l’envoyer dans un centre d’équithérapie. Anne-Frédérique Royon reprend peu à peu ses marques en se nourrissant de sa passion de toujours : « C’est comme les virus, une fois qu’on est passionné, ça ne s’enlève pas comme ça ! ». La compétition, particulièrement en dressage, devient sa discipline favorite à partir de ce moment précis. Jusque là, l’équitation était un loisir pour elle sans aucun réel enjeu compétitif. Son modèle ? La cavalière britannique Charlotte Dujardin et son équitation reconnaissable de sa légèreté folle. C’est la finesse que requiert le dressage qui passionne la cavalière. Il faut que le cheval réponde à des codes de plus en plus subtils et davantage lorsqu’il s’agit d’un cavalier handicapé qui dispose de moins de force qu’un cavalier valide. L’animal doit faire la part des choses entre le mouvement qui est voulu et ce que le corps demande involontairement. Outre le sport, ce qui subjugue le plus la passionnée, c’est la relation avec l’animal : « Il y a vraiment un dialogue de cœur à cœur entre le cheval et le cavalier, certains parlerons de l’âme [...] C’est une communication avec l’animal qui oblige à nous remettre en question en permanence et à être vraiment le plus aligné pour être le plus juste… ». Quaterboy, cheval hanovrien de 12 ans, est son cheval de tête. Une histoire d’amour qui devait à la base être un coup de poker pour la cavalière. Le projet était d’investir sur des poulains afin d’éponger les dettes de son ancienne jument… Seulement, elle tombe sous le charme du père de Quaterboy. Ni une ni deux, elle appelle un ami éleveur et lui promet d’acheter le poulain de cet étalon. Les années passent et impossible pour Anne-Frédérique de se séparer de ce poulain, même si pour certains professionnels l’animal allait être trop puissant pour elle. Elle a très vite décelé son mental d’acier qui s’ajoute à un comportement idéal pour sa personnalité. « C’est un coup de poker qui s’est transformé en belle histoire de vie. Là encore ce sont des rencontres un peu folle et inouïes. Toute ma vie est faite de ces rencontres là ! ».
Objectif 2024 !
Au retour des Jeux olympiques paralympiques de Tokyo 2020, Anne-Frédérique est déçue de ses résultats. Elle passe par une grosse remise en question qui réveille en elle cette petite flamme, près du cœur, qui lui souffle que oui, c’est ce qu’elle veut faire. L’objectif d’être cavalière est là. Cette étape lui a été nécessaire afin d’aborder sereinement les Jeux de Paris 2024. Pas d’échec, juste des manières d’apprendre comme elle le répète souvent le sourire aux lèvres. En réalité, Tokyo 2020 a plutôt été l’occasion pour elle d’acquérir de l’expérience. Son réel objectif, et cela depuis 4 ans, c’est Paris 2024. Quaterboy sera à l’âge parfait et le couple cavalier-cheval sera à son summum : le timing est parfait. Le 5 février dernier, la Fédération Française d’Equitation (FFE) dévoilait les listes des couples susceptibles de prétendre à une sélection en équipe de France. Même si le couple Quaterboy - Anne-Frédérique y figure, elle ne se déconcentre pas de son objectif.

Qui dit JO, dit préparation pour ces deux athlètes ! Le compagnon et entraîneur de la cavalière, Bertrand Courtin, perfectionne les bases du cheval tandis qu’elle suit une préparation mentale et physique. Ne pas se mettre la pression, se focaliser sur le présent, et non le futur. Ce qui l’aide particulièrement, c’est ses chevaux : « Même au-delà de la pratique, il y a vraiment beaucoup de jours en ce moment où je ne monte pas et la simple présence de mes chevaux, c’est une raison de vivre [...] ils m’apportent un bien-être physique, mental et émotionnel ».
Anne-Frédérique Royon, cavalière au grand cœur, se prépare à nous faire rêver une nouvelle fois accompagnée de Quaterboy sur la piste de Paris 2024.
Cécile Pereira.
Crédits photo : © France Paralympique | © Le Progrès /Antoine Quinson
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